Osoresan, vidéos 3 canaux, son stéréo, 2018.

Traitant des représentations sociologiques mais aussi mythologiques de la peur, Osoresan, est le résultat d’un travail de recherche de trois ans. Une collaboration entre l’historien Ken Daimaru et l’artiste Natacha Nisic après leur résidence commune à la Villa Kujoyama à Kyoto en 2015. Différentes couches de représentation ainsi que des sources de textes sont combinées dans une vision fragmentée du rapport à la peur et à la tradition après la Grande Catastrophe de 2011. Ken Daimaru et Natacha Nisic ont rencontré la dernière Itako, une femme aveugle de 84 ans qui a été formée pour visiter le royaume des morts. Nous suivons sa pratique, ses visions et ses chants traditionnels, dans un voyage dans les paysages post-Fukushima. Un chœur raconté par certains des acteurs de la troupe de théâtre Chiten, fait référence à la construction du théâtre traditionnel japonais.

La musique d’Osoresan est simple, principalement constituée de sons concrets et de bruits blancs modulés. Le bruit blanc donne à entendre l’intégralité des fréquences audibles par l’oreille humaine. Son utilisation dans ce film fait évidemment référence à la cécité traditionnelle des chamanes Itako en cherchant à substituer par le son ce qui ne leur est pas permis de voir, d’entendre l’infinité des sons et des possibles d’entendre, délivrées de l’image pour n’en conserver que la sensation auditive la plus ouverte possible sur le monde.

2019      Osoresan,  galerie Anne de Villepoix, Paris