LAST WORDS (Derniers Mots) est un livre d’artiste associant une pièce sonore avec les derniers mots des condamnés à mort recueillis juste avant le début de la procédure d’exécution – et rendues publiques par le Département de la Justice Criminelle du Texas sur son site internet, À ce jour, depuis la reprise des exécutions capitales le 7 décembre 1982 au Texas, 527 détenus ont été mis à mort par injection létale.
Vanessa PLACE prononce les dernières paroles des condamnés à mort, recueillies juste avant le début de la procédure d’exécution, et rendues publiques par le Département de la Justice Criminelle du Texas sur son site internet, tout comme les portraits des exécutés réunis ici dans le livre. À ce jour, 527 détenus ont été mis à mort au Texas depuis 1982. Tous par injection létale.
« Il serait mal venu d’entendre dans cette lecture une quelconque musique et même une sombre poésie sonore. Il faudrait demander à Vanessa Place, poète américaine et aussi avocate, ce qu’elle est venue chercher dans ces derniers aveux de condamnés à mort par la justice texane depuis la reprise des exécutions capitales, en décembre 1982 – un usage poétique du témoignage, comme le fit Charles Reznikoff avant elle, peut-être ; une inspiration qui fouille au plus noir de l’humain – que l’humain en question soit juge, assassin ou même (qui sait ?) innocent – peut-être aussi, à la manière de Kathy Acker, Peter Sotos ou Dennis Cooper (dont Dis Voir publia le saisissant Jerk dans la même collection.)
Ces « endormis » que l’on trouve photographiés dans le livre – images et mots proviennent des archives du site internet de la Justice Criminelle du Texas – se pressent les uns contre les autres: six portraits par page, et Last Words en compte soixante. Pour ne pouvoir citer chacun de ces trois-cent-soixante condamnés-là, Place nous interdit à sa manière de lier, comme dans un jeu d’enfant, tel visage aux mots qu’il aura pu prononcer tout comme elle s’est gardé d’attacher à telle parole le crime qui l’aura fait taire.
D’une voix monotone, voire rentrée, elle égrène alors un chapelet – il est ici souvent question de dieu et de ses ambassadeurs – d’excuses, de regrets et de mots d’amour, de détails oubliés et d’espoirs qui y sont peut-être accrochés (de rentrer « à la maison », de se voir accueillir « au ciel », de croire que la mort que l’on va vous injecter est une sorte de renaissance…), d’hommages et de dédicaces, de remerciements (plus seul qu’il serait possible de l’être en plein désert, la religion parviendrait encore à vous guider), d’adieux enfin – le plus terrible étant peut-être ce « No last statement, no. »
Poignant, évidemment. Rendue sous un ciel de plomb, la chose administrative attrape les derniers mots de ses condamnés et les rend publics : Vanessa Place, elle, récite et illustre aujourd’hui ce qu’écrivit Michel Foucault jadis : « Au cœur de la folie, le délire prend un sens nouveau. » Or, peut-être n’est-ce pas ce « sens nouveau » qui frappe ici le plus. » Guillaume Belhomme © Le son du grisli
Vanessa PLACE (née en 1968 à Stratford, vit et travaille entre Los Angeles et New York) est une écrivaine et performeuse américaine. Première poète à avoir participé à la Biennale du Whitney Museum à New York, elle a notamment réalisé des performances au PS1, New York et à la Whitechapel Gallery, Londres. Elle est également critique et avocat de défense pénale.
Format |
165 x 215 mm |
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Pages |
64 |
Illustrations |
60 color |
Reliure |
paperback |
ISBN |
978-2-914563-77-2 |