LES CLOCHES D’ATLANTIS, MUSIQUE ELECTROACOUSTIQUE ET CINEMA, nouvelle édition, augmentée et corrigée, éditions mf

Ce livre à paraître le 8 novembre 2022 est la nouvelle édition et mise en page, revue et augmentée d’un chapitre inédit, d’un ouvrage initialement paru en 2012.

« La musique (…) est, moins que tout, liée à la

réalité. Y serait-elle liée, c’est sans idéologie,

mécaniquement par un son creux sans association.

Et pourtant, la musique, comme par miracle,

pénètre dans le fond de l’âme. Qu’est-ce qui

résonne en nous au bruit, devenu harmonie ? Et le

transforme en source d’extrême volupté qui nous

unit et nous bouleverse ». Andreï Tarkovski, Stalker, (1979).

L’ouvrage se présente en 24 exemplaires différents, comme les 24 images par seconde du défilement cinéma, en autant de marque-pager représentant les sons synthétiques de Rudolf Pfenninger, imprimés sur rhodoïd transparent.

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ABC IN SOUND, de Laszlo Moholy-Nagy (1933)

Laszlo Moholy-Nagy autre artiste du Bauhaus qui s’intéresse alors aux possibilités conjointes de la photographie, du photomontage et du cinéma a produit une description de l’orgue de lumière d’Alexander Laszlo [1] Il aurait lui aussi travaillé également à la confection de sons synthétiques et les utiliserait dans un film intitulé Tonende ABC (ABC of Sound), décrit comme une « expérience audiovisuelle ».[2] Dans un article de la Revue Musicale consacré au film sonore, Arthur Hoérée fait état d’un tel film sans en spécifier l’auteur ni la source :

« Enfin, on attribue à un savant allemand travail identique [sur les sons synthétiques], appliqué aux lettres de l’alphabet et à leurs combinaisons ; en sorte qu’il a pu créer de toute pièce une voix humaine qui n’existait pas ». [3] 

Annoncé comme un film disparu dans Les cloches d’Atlantis. j’ai plaisir dans ce site compagnon à pouvoir montrer une copie numérique de ce film qui refait surface alors que de nombreux chercheurs chercheurs qui se sont penchés sur ABC of Sound, Thomas Levin, Marcella Lista et Thomas Tode, l’avaient considéré comme soit disparu voire n’ait peut-être jamais existé. ABC of Sound a été projeté à la Société du Film en 1934 et contrairement à ce qui avait été imaginé ne constitue pas l’une des premières expériences auditives tentant de reproduire le graphisme des lettres de l’alphabet directement sur la piste optique, mais la transcription sonore de simples symboles graphique à l’instar d’Oskar Fischinger dans Ornemental Sound (1930) De manière symbolique ce film n’en constitue pas moins une manière d’annoncer dans son titre que cet alphabet jette les bases d’un nouveau langage sonore qu’il convient dès lors d’explorer et d’étendre.


[1] MOHOLY-NAGY, Laszlo, Painting, Photography, Film, MIT Press, Cambridge, 1969. p. 22.

[2] Curtis, David, Experimental Cinema a Fifty-year Evolution, London, Studio Vista, 1971, p. 30.

[3] HOERE, Arthur, Le travail du film sonore, op. cit. p. 73.

(2022) TEATRO MUNDI de Véronique Caye

Teatro Mundi est constitué de plans fixes filmés dans plusieurs villes et pays (Athènes, Gênes, Belle-Ile-en-mer, Arles, New York, Marrakech, Tokyo, Venise, Timimoun Algérie, désert blanc égyptien) qui présentent des réalités multiples (villes, mers, déserts) dans les images et les sons.

Le film commence par une vue du théâtre de Dionysos, sur le site de l’Acropole à Athènes. Ce lieu est considéré comme le premier théâtre du monde, berceau de la tragédie. A partir de ce plan, par superposition, vont apparaître les différentes réalités géographiques des lieux traversés. Le trafic italien surgira du théâtre antique, l’océan atlantique engloutira la ville de Gênes ou la terre rouge marocaine balaiera la mégapole New-Yorkaise, etc. Autant d’associations pour trouver une perspective contemporaine au concept antique du Theatrum mundi (théâtre du monde), sans doute toujours opérant aujourd’hui.

Cette notion développée par de nombreux auteurs baroques au 15ème et 16ème siècle (Shakespeare, Calderon, Corneille ou Goldoni) dépeint le monde comme un théâtre dans lequel les êtres jouent tous un rôle malgré eux. Ils sont réduits à des marionnettes dont les ficelles sont tirées par un « créateur» à la double figure d’un « Dieu » et d’un metteur en scène. Aujourd’hui, dans notre monde globalisé, le theatrum mundi antique trouve une nouvelle résonance. La figure traditionnelle du démiurge a été remplacée par un metteur en scène habité par l’économie et le progrès et une planète nature en colère.

Le film Teatro Mundi propose une relecture de ce concept et invite à réconcilier ces deux dimensions, pour écrire de nouveaux rôles, justes et modérés pour les personnages de notre scène monde.

La création de Teatro Mundi sera montré à la Galerie Analix Forever, à Genève en décembre-janvier 2022-23.

BERLIN HORSE de Malcom Le Grice (1970)

Une première version de Berlin Horse (1970) que Malcom Le Grice n’aimait pas trop avait déjà été réalisée puis montée sur différentes pistes de bruits blancs. C’est finalement avec la musique de Brian Eno que le film trouve son aspect définitif. Malcom Le Grice avait déjà réalisé le film et Brian Eno, la bande son, les deux éléments ont juste été mis ensemble et cela a immédiatement fonctionné de manière parfaitement complémentaire. Le bouclage du son ne correspond pas au bouclage de l’image et pourtant, l’aimantation audiovisuelle fonctionne à merveille.

Les éléments audiovisuels proviennent d’échantillonnage divers : pour l’image il s’agit de deux séquences distinctes qui ont pour point commun la figure du cheval. La première où l’animal galope dans un box est une prise originale filmée en 8mm puis refilmée en 16mm à différentes vitesses et sous différents angles, la seconde où des chevaux sont évacués d’une grange en feu, provient d’un film primitif (Edison). Le traitement des couleurs a quant à lui été réalisé avec des gélatines introduites puis impressionnées dans la tireuse optique au London Film Makers Cooperative.

Le motif musical dont Brian Eno s’est emparé provient de la musique du compositeur baroque anglais John Dowland à partir d’une courte mélodie jouée au luth.

Le film, conçu en double écran, est également l’occasion de renforcer l’idée de la boucle avec celle du déphasage qui s’opère entre les deux écrans. La musique elle aussi incorpore cette même idée en jouant du principe de déphasage stéréophonique créant avec l’image comme un phénomène d’irisation, un effet de moirage audiovisuel très subtil. L’impressionnant travail sur la couleur trouve lui aussi son équivalent dans la musique de par la lente transformation qui s’opère à partir d’un seul motif de luth (ancêtre de la guitare) qui se répète et se modifie imperceptiblement. Le choix des images, des boucles d’images de chevaux prélevées dans des westerns et la musique à base de luth, créent également à la fois une complémentarité et un contraste avec la musique habituelle des films de western à base de banjo.Berlin Horse sera également plusieurs fois montré, en version scénique notamment au London Palladium en 1975 où Eno se produit avec Robert Fripp ainsi qu’à l’Olympia, à Paris, dans un concert mémorable et totalement dépourvu de lumière en dehors de la projection du film sur l’arrière-plan de la scène ce qui laissa l’audience en état de sidération si l’on se réfère à un article d’Allan Okada.

Extrait en double écran

Film entier en simple écran

DE TINIEBLAS, de Stefano Gervasoni -Image d’une œuvre #26

Ce film s’inscrit dans la série documentaire « Image d’une oeuvre » produite par l’Ircam qui vise à documenter aujourd’hui, tout le déroulement du processus créatif d’un compositeur ou d’une compositrice confronté à l’utilisation de la technologie pour prolonger les enjeux artistiques et expressifs de son projet musical.

Un film de Véronique Caye
commande de l’Ircam Centre Pompidou
Projection le 18 juin 2022 à 19h à l’Ircam Centre Pompidou (Festival Manifeste)

De Tinieblas, pour chœur et électronique, de Stefano Gervasoni, aide à l’écriture d’une œuvre musicale nouvelle originale du ministère de la Culture, commande de l’Ircam-Centre Pompidou

A partir des Très leccionnes de tinieblas de José Angel Valente

Réalisation Véronique Caye
Prise de son et mixage Ivan Gariel
Conseil musical Philippe Langlois
Production Murielle Ducas

Stefano Gervasoni composition
SWR Vokalensemble Stuttgart
Yuval Weinberg direction
Benoit Meudic informatique Ircam
Sylvain Cadars diffusion sonore Ircam
Paolo Pachini vidéo (commande SWR)

Remerciements  Claudia Jane Scroccaro, Eglise San Marco Milan, Milano Festival, SWR

Production  Ircam-Centre Pompidou.
Avec le soutien de la Sacem.

Création & film initialement prévue le 9 juin 2020 à La Philharmonie de Paris/Festival Manifeste Ircam-Centre Pompidou, reportée en juin 2022 à Milan, Stuttgart et Paris.

Collection Image d’une œuvre

EX MACHINA, de Steve Lehman et Frédéric Maurin (2022), Images d’une œuvre #29

Ce film s’inscrit dans la série documentaire « Image d’une oeuvre » produite par l’Ircam qui vise à documenter aujourd’hui, tout le déroulement du processus créatif d’un compositeur ou d’une compositrice confronté à l’utilisation de la technologie pour prolonger les enjeux artistiques et expressifs de son projet musical.

Un film de Catherine Radosa avec la collaboration de Philippe Langlois

Le saxophoniste américain Steve Lehman et le directeur artistique de l’Orchestre National de JazzFrédéric Maurin, présentent Ex Machina, une création singulière composée à l’aide de, et faisant intervenir en temps réel, l’environnement DYCI2 développé par Jérôme Nika et l’équipe Représentations Musicales de l’Ircam.

CRINOÏDOPHONE de Tanguy Clerc (2021)

On pourrait tout à fait croiser cette installation dans un cabinet de curiosité des temps futurs où serait conservé ce qui subsiste d’une mémoire cinématographique primitive.

Le crinoïdophone réalisé en collaboration avec Tristan Dubus, est une sculpture sonore réalisée à partir de matériau industriel de récupération. Reposant sur un piédestal métallique, dans une grande cloche en plexiglas emplie de liquide transparent éclairé, des lambeaux de bandes magnétiques récupérés dans des cassettes VHS sont suspendus et flottent dans le liquide. Par intermittence, de manière imprévisible, dans un mouvement discontinu de rotation, les morceaux de bandes magnétiques sont actionnés par un petit moteur dissimulé dans le haut de la cloche qui les fait tournoyer dans le liquide. En tournant, les fragments se frottent sur deux têtes de lecture de bande magnétiques immergées dans le liquide. Il en résulte des bribes de son, des fragments d’une mémoire cinématographique impossible à appréhender autrement que dans une sorte de tournoiement sonore fugace et fascinant.

Devant cette œuvre, le visiteur de ce cabinet de curiosité serait témoin de quelque chose qu’il ne pourrait même pas imaginer, l’état d’un art, de quelque chose, surgi une mémoire fragmentaire, incompréhensible et fugace.

Il y a quelque chose de la contemplation devant cette œuvre, de la magie, un temps du présent où l’on contemple et capte la magie des sons anciens, comme ces spécimens conservés et exposés dans du formol dans un musée d’histoire naturelle. Ce serait comme devant un diorama sonore, restituant ce qui reste d’un temps ancien, bribes et borborygmes d’une mémoire cinématographique disparue, dont il ne subsisterait que le souvenir des sons engloutis.

Voir le site de l’artiste : http://www.tanguyclerc.com/

(2021) HORIZONS, de Véronique Caye

Installation vidéo sur 8 écrans synchronisés,  65 min.

HORIZONS est une installation/performance (vidéo, son, espace, interaction) mettant en scène 120 paysages d’horizon et le spectateur de ces images. Mystère des mystères, ces paysages sont en perpétuelle recomposition : aucun horizon n’est le même. Ils nous renvoient à l’instabilité de la nature. Le motif primitif et intemporel de l’horizon invite à une réflexion existentielle. Dans notre monde contemporain, traversé par des bouleversements écologiques, économiques et politiques, quel est l’avenir de l’homme, quel est son horizon ?

Galerie Analix Forever Genève   MAI – JUIN 2021

Teaser Horizons