Le musée du son est un projet de musée nomade, sans mur, en dehors d’un double mur du son qui s’est mu en murmures :“…
C’est un lieu virtuel qui regroupe un large éventail d’œuvres qui appartiennent au champ des arts plastiques sonores : sculptures, installations, art sonore, performances, audiovisuel, radio, cinéma, vidéo, poésie sonore, Sound Landscape, œuvres interactives…
4’33 » de John Cage n’est pas la seule ni la première partition entièrement « silencieuse ».
33 ans avant 4’33 », dans In Futurum de Erwin Schullhoff, en 1919, troisième pièce tirée des 5 pittoresques opus 31 pour piano, la partition est uniquement constituée de signes musicaux qui représentent les différents silences. Le rythme de la main droite est à 7/5 tandis que la main gauche joue sur un rythme à 7/10 !
Impossible à jouer sinon dans le silence…
from Five Pittoresques for Piano.
Feuille de papier, 29, 5 X 21 cm.
En voici une interprétation par Gerard Bouwhuis dans le concert donné par Ebony Band, le 25 April 2013 au Muziekgebouw à Amsterdam.
5 bobines galvanisées du film de Bergman ' 'Le silence'
1. Caughing fit + Glacier
2. Dwarves-Animalization
3. Past-Vegetablization
4. Tank-Mechanization
5. We are free + Geyser
Pour sa dixième éditions, le Festival International des arts sonores, City Sonic 2012, à Mons, en Belgique invite la collection ZagZig, publiée aux éditions Dis Voir, et dirigée par Philippe Langlois, Frank Smith & Danièle Rivière à imaginer une installation audiovisuelle autour de cette collection qui fait figure d’exception dans le champ de l’art sonore.
L’enjeu de cet espace éditorial consiste, par un mouvement de translation, à faire exister des œuvres sonores sous la forme de livres / disques conçus avec les artistes afin de créer de véritables objets plastiques innovants.
Cette installation créée pour City Sonic propose de s’immerger dans l’écoute des oeuvres sonores produites dans le cadre de la collection. Les dispositifs visuels avec les photos et des textes réalisés par les artistes et extraits des livres seront projetés parallèlement pour prendre position dans la texture sonore.
Co-Production : Transcultures/ City Sonic et Dis Voir
Jack Ellitt, le compositeur attitré du célèbre cinéaste d’animation Len Lye, travaille également sur le son optique dans les années 30. Il ne reste malheureusement que peu de témoignages sur les travaux de ce chercheur passionné par l’idée de « construction sonore » et de « sons électro-acoustiques ».
Sur le site de Shame Film Music, spécialisé dans les compositeurs expérimentaux australiens, on retrouve les tous premiers enregistrements de Jack Elit dont une symphonie de ville primitive qui remonte au début des années 30.
Ainsi que quelques essais de sons optiques directement dessinés sur la pellicule mêlés à des sons concrets ce qui fait de cet exemple l'un des exemples les plus anciens de musique électroacoustique primitive en 1931.
En revisitant les classiques hollywoodiens par le biais de l’échantillonnage dans Alone Life Wastes Andy Hardy (1998), le cinéaste viennois Martin Arnold aborde la question de l’appropriation et de la relecture. La procédure prolonge la technique de ses deux films précédents : Pièce touchée (1989) et Passage à l’acte (1993).
Dans Le territoire des autres (1970) « délibérément conçu pour l’image et le son à l’exclusion des paroles », François Bel et Gérard Vienne ont tourné pendant six ans plus de quarante-cinq kilomètres d’images d’animaux à travers toute l’Europe. Ne possédant pas encore d’expérience en tant que réalisateurs, ils tournent les séquences sans plan ni idée préconçue. Michel Fano se propose de réaliser le montage de l’image sur une structure musicale « à la manière de la fugue dont s’est servi Eisenstein pour Octobre ». Pendant plus d’un an, il devient à la table de montage le réalisateur a posteriori du film.
« La création se fait au stade du ciseau et du scotch, sur la table par rapport à l’image et par rapport aux deux, trois ou quatre sons associés au phénomène sonore ».
Michel Fano peut ainsi modifier le montage image de certaines scènes par rapport à la conception sonore qu’il s’en fait. C’est ainsi que progressivement, images et sons se sont adaptés, imbriqués les uns aux autres. Le film a alors pris la forme d’une symphonie en dix mouvements (la pollution, le camouflage, la survie, la reproduction, le cri des animaux, etc.), avec une ouverture et une coda. Les sons instrumentaux s’y intègrent aux sons naturels puis aux sons transformés jusqu’à créer le continuum sonore recherché.
En 1973, François Bayle collabore une fois encore avec Piotr Kamler pour illustrer un petit film d’animation qui s’intitule Cœur de secours. Une nouvelle fois, Piotr Kamler transporte le spectateur dans un monde onirique et étrange, qui met en scène un funambule, un équilibriste ainsi qu’un petit personnage qui transporte précieusement un cœur entre ses mains. Le petit homme se déplace tantôt à pied, tantôt à vélocipède, dans un monde surnaturel constitué d’engrenages, de mécaniques imaginaires. Dans cette atmosphère hostile, manipulée, l’amour qu’il tente de préserver apparaît comme plus fragile, plus difficile à protéger.
La musique de François Bayle illustre cet univers à l’aide de boucles sonores en évolutions constantes à partir de sons de clarinette basse et de boîte à musique. Selon les tableaux, ces boucles sont transposées dans différents registres pour matérialiser la répétition et la transformation des saynètes traversées. Cet univers sonore minimaliste, peuplé de petits sons discrets, composé comme une aquarelle de Raoul Dufy, se résume à quelques lignes, quelques taches qui se fondent sur la structure des images.
A l'occasion de la sortie de ce livre/CD les Soundwalk présente Medea pour une performance le 4 mai 2012 au centre Georges Pompidou:www.centrepompidou.fr
Medea est un voyage sonore autour de la Mer Noire. Une composition inédite élaborée à partir d’enregistrements d’ondes hertziennes ainsi que de fragments de voix et de sons glanés par le collectif Soundwalk, au cours d’une traversée de deux mois sur un voilier spécialement équipé pour l'occasion de scanners, de microphones et d’antennes à haute portée. Medea aborde la Turquie, la Géorgie, la Russie, la Crimée, l’Ukraine, la Roumanie, la Bulgarie, et procède en une lecture sonore de cette région du monde où la beauté vibre, sanglante et ténébreuse — à l’instar de la Médée antique.
Le livre décline la composition sonore du CD présent dans cet ouvrage et réunit des photographies de Stephan Crasneanscki et des textes d'Arthur Larrue.
Prises à la tombée du jour, les photographies rendent compte dans un clair-obscur particulièrement glacé du caractère fatal des régions explorées.
Les textes, quant à eux, restituent les étapes de la création sonore sous la forme d'un Journal de la Mer Noire, tenu au cours de l'expédition.
L'ensemble invite à une immersion au sein d'un univers étrange et inquiétant.
Soundwalk est un collectif artistique international basé à New York.
Depuis 2000, Soundwalk, en nomade du son, entreprenant sans trêve des voyages improbables, de la terre désolée de la Bessarabie jusqu\'au désert du Rub al Khali. En explorant et prélevant les sons du monde qui nous entourent, Soundwalk capte les fragments d\'une réalité mouvante pour former des compositions sonores singulières. Créé par Stephan Crasneanscki, qui vit et travaille à New York, Soundwalk a reçu le «Audie Award» pour sa collaboration avec Afrika Bambaataa dans le Bronx ainsi que le «Dalton Pen Award» pour le Sonic Memorial Soundwalk réalisé avec Paul Auster, à Ground Zero, New York.
Soundwalk a participé à des expositions collectives et réalisé des performances parmi lesquelles: «Paris-Delhi-Bombay», Centre Georges Pompidou, Paris, 2011; «Le Son du Nous», avec Philippe Starck, Festival International Exit, Maison des Arts de Créteil, 2010; Musée d\'art contemporain de Naples; Villa Noailles, Hyères, 2010; Singapour Art Museum, 2010; Exposition universelle 2010, Shanghai; «Art, Talks & Sensations», Abu Dhabi Art Fair, 2010. performance dans le cadre des "Spectacles vivants" au Centre Georges Pompidou, Paris, 4 mai 2012.
La collection ZagZig (dirigée par Frank Smith & Philippe Langlois) aux éditions Dis Voir est un espace éditorial de livres d'artistes qui consiste à faire exister des œuvres sonores sous la forme de livres/CD afin de créer de véritables objets plastiques innovants.
Composée par Pierre Henry en étroite collaboration avec le réalisateur, la musique d’Astrologie constitue l’aboutissement des recherches musicales formelles de Jean Grémillon dans une volonté de fusionner bruits et musique. Cette approche cinématographique profondément musicale, déjà remarquée par Pierre Schaeffer en 1946, favorise la venue de Jean Grémillon dans les studios de la rue de l’Université. Il y a encore peu, l’analyse des relations audiovisuelles à l’œuvre dans Astrologie n’était pas envisageable compte tenu de l’état de conservation du film qui en interdisait le visionnage. Sa restauration, à l’occasion du cycle de film Les films du Service de la Recherche de l’ORTF que nous avons programmé au MAC/VAL en janvier 2006, a permis une remise en circuit du film en copie neuve.
Le troisième et dernier volet de cette trilogie documentaire sur l'Egypte et titre éponyme de l'ensemble, Egypte Ô Egypte se présente comme un essai sur des textes funéraires extraits du Livre des morts des anciens Egyptiens de Grégoire Kolpatchy. Sans faire œuvre d’égyptologue, mais attiré par la cosmogonie égyptienne, Jacques Brissot s’est efforcé de donner un équivalent cinématographique du long voyage de l’âme dans le pays des morts, avec ses portiques qui sont autant d’étapes initiatiques. La caméra se promène dans les paysages et les temples de la vallée de Thèbes, au milieu des pyramides, des statues gigantesques, des perspectives de colonnades, des fresques et des hiéroglyphes. Les prises de vues directes alternent avec les filmages, image par image, qui rendent perceptible en accéléré le cheminement des ombres sur les pierres. Les plans se succèdent en fonction des rapports plastiques et géométriques qui tentent de retrouver le sens profond de la symbolique égyptienne.
La bande-son du troisième film est uniquement constituée du texte dit par Roger Blin et de la musique de Ferrari dans un entrelacs savamment composé. Pour la première fois dans l’œuvre de Luc Ferrari, la musique mélange des sons instrumentaux (un petit orchestre de dix-sept musiciens) et des sons concrets, imbriqués dans une structure qui mêle également des sons ambigus à l’orée des deux univers, fruits des manipulations de l’un et de l’autre.
Comme les images de Jacques Brissot, la musique d'Egypte Ô Egypte est contemplative ; elle oriente ainsi l'auditeur vers une écoute très méditative et le transporte dans un univers d'une extrême lenteur. Les événements sonores y sont en effet très distants les uns des autres, reliés par des résonances étirées, comme pour rappeler cette époque lointaine où les temples furent édifiés et le temps qui les relie à notre propre contemplation, comme pour « capter la résonance des temps anciens ». A la lenteur du son, s'accorde par contraste, la rapidité des images illustrant la symbolique du dieu Amon Râ dans l'Egypte antique, réalisée grâce à un procédé de filmage original. Ainsi, l'image d'un temple filmée toutes les minutes pendant une journée entière, révèle à la projection la course quotidienne du soleil, en accéléré, glissant sur des éléments d'architecture pharaonique.
Avec un tel procédé, le rendu visuel permet de voir le ciel, les nuages et les ombres défiler et se mettre en mouvement le long des façades jusqu'à donner l'impression de ramper sur la pierre. Pris sous différents angles, « la moindre fissure, aspérité, le moindre petit angle deviennent vivants dans ces « machins » restés immobiles pendant quatre mille ans qui s'animent d'un seul coup au son de ces trames étirées ».
Sur le plan sonore, les mouvements de nuances, de différenciation de hauteur, d'allure du son, sont autant de composantes sonores qui se sont imposées à Luc Ferrari par le traitement de l'image. Outre l'aspect purement mécanique, il résulte de ce croisement des démarches techniques, un travail sur la matière visuelle et sonore qui traverse le temps, jusqu'à en révéler l'aspect « ardent ». En jouant de la sorte sur la résonance et l'inflexion temporelle, il se crée presque automatiquement un lien avec la mythologie du Livre des morts, faisant de ce film l'une des grandes réussites, encore méconnues aujourd'hui, qui conduit à la création du Service de la Recherche.
La démarche totalement expérimentale et intuitive de Luc Ferrari, liée à l'approche visuelle de Jacques Brissot, a permis de créer un film d'une puissante beauté récompensé par le prix de la Biennale de Paris en 1963.